Entretien avec Christophe Leclercq, metteur en scène du spectacle « Le Roi Lion et les Rythmes de la terre ».
A quand remontent les origines du projet ?
La décision de lancer la production d’un tout nouveau spectacle autour du Roi Lion remonte à plus de deux ans et demi. A partir de là, tout s’est mis en place très rapidement et j’ai été désigné pour mettre en scène cette nouvelle production.
Comment avez-vous élaboré le concept du spectacle ?
Les premières consignes qui m’ont été données étaient de faire quelque chose de complètement différent des productions réalisées dans les parcs Disney auparavant. A partir de là, je me suis posé beaucoup de questions. J’ai trouvé des « fan-arts » qui imaginaient justement les personnages du Roi Lion sous forme humaine. Cela nous a beaucoup inspiré. Au final, Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre est un spectacle inédit basé sur l’histoire du Roi Lion, comme si une tribu avait décidé de mettre cette légende en scène et en musique.
Et cette histoire se raconte en chansons.
Tout à fait. En raison du caractère multiculturel de notre public, nous avons préféré ne pas utiliser de dialogues. Ce sont les chansons qui racontent l’histoire. Nous avons respecté scrupuleusement l’ordre du dessin-animé. Nous avons également eu la chance de pouvoir ajouter plusieurs titres emblématiques de la comédie musicale.
Ce spectacle s’intitule Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre. Comment avez-vous traité cette dimension rythmique ?
Notre spectacle est vraiment basé sur l’aspect rythmique. Avec notre arrangeur Steve Sidwell, nous avons souhaité mettre les traditions africaines à l’honneur, tout en leur apportant une touche de modernité à travers de nouveaux rythmes et de nouveaux tempos, mais toujours dans le plus grand respect. Cette dimension a non seulement inspiré la musique du spectacle, mais également notre décor, qui se compose de djembés sur lesquels les personnages vont évoluer. Tous ces instruments de percussions imbriqués les uns dans les autres créent un espace scénique incroyable sur plusieurs niveaux, ce qui offre beaucoup de possibilités sur le plan de la mise en scène.
Comment avez-vous exploité ces différentes zones en fonction de chaque chanson ?
Avec Frontierland Theater, nous avons la chance d’avoir un vrai théâtre, avec une vraie boîte noire, c’est-à-dire un espace de représentation fermé, avec tout ce que cela permet en termes d’immersion et de traitement de la lumière. Grâce à nos nouveaux équipements, je peux concentrer la lumière sur différentes zones de la scène et faire de chaque numéro une sorte de vignette, comme dans un storyboard, que je répartis à travers tout l’espace. On allume une plateforme et on en éteint une autre pour lancer un nouveau numéro. Cela permet de ménager bon nombre de surprises.
Vous exploitez vraiment tout l’espace !
En effet. Il y a certes des artistes sur scène à des hauteurs différentes, mais le décor évolue également au cours du spectacle : il tourne, il bascule et vous réserve quelques surprises !
Et puis, il y a toute la dimension aérienne. Beaucoup de choses se passent en l’air. Il faut dire que nous avons installé dans les cintres pas moins de 7 machines de vol pour les acrobates, ce qui veut dire que durant les 30 minutes que dure le spectacle, ils touchent très peu le sol !
Pouvez-vous nous présenter votre équipe créative ?
J’avais déjà travaillé avec Bradley Kaye, Principal Art Director pour Walt Disney Parks and Resorts, sur la Jedi Training Academy, et nous nous sommes dits que ce serait la bonne personne pour créer le décor notre nouveau spectacle. Pour les costumes, nous nous sommes tournés vers Mirena Rada, une designer bien connue dans le milieu des comédies musicales et des Parcs Disney, notamment Tokyo Disneyland, et qui a déjà collaboré avec nous sur l’événement FanDaze. Pour les arrangements musicaux, nous avons fait appel à Steve Sidwell, qui avait déjà signé ceux de La Parade des Rêves Disney, et pour les chorégraphies, Cathy Ematchoua nous a apporté son style inimitable. Pour les lumières, nous avons sollicité Pierre Leprou pour apporter un regard neuf. Quant au son, on le doit à John Moine de Russi, dit « Papa John ». Il a proposé un tout nouveau système de diffusion audio pour le Frontierland Theater offrant une expérience totalement immersive.
Comment avez-vous constitué votre « tribu », le cast du spectacle ?
En ce qui concerne les chanteurs, les castings ont commencé il y a plus d’un an. Nous avons auditionné à Londres et à Paris, comme nous le faisons souvent. Nous avons reçu des gens qui ont travaillé sur The Lion King dans le West End, d’autres sur la version de Mogador ou encore sur d’autres comédies musicales comme Motown. Nous avons donc un panel d’artistes éblouissants et expérimentés, des gens avec du métier et beaucoup de talent. Pour les acrobates, nous avons auditionné dans un gymnase tout près de Disneyland Paris en nous focalisant sur des profils issus du monde de la gymnastique. Une centaine de gymnastes se sont présentés et nous en avons gardé 18. Parmi eux certains viennent de grandes maisons comme Cirque du Soleil, du spectacle The House of Dancing Water à Macao ou encore de spectacles aériens sur Paris. Les danseurs ont été les derniers à être auditionnés. Certains d’entre eux avaient également fait Mogador et se retrouvent aujourd’hui avec d’autres artistes qu’ils ont connus il y a des années sur d’autres productions liées au Roi Lion. En tout, notre Cast regroupe pas moins de 9 nationalités !
Pouvez-vous nous parler de la conception des costumes ?
Les costumes sont très importants dans notre spectacle. Ils sont là pour évoquer les personnages du film à travers toutes sortes de références, notamment au niveau des codes couleurs des animaux. Prenez Rafiki. C’est un mandrill, reconnaissable à son museau très coloré, bleu, rouge, blanc, et l’on retrouve les mêmes couleurs dans son costume. Au final, ce sont 400 costumes qui ont été fabriqués pour un cast de 70 personnes.
Suivant les différentes mises en scène du Roi Lion à travers le monde, le personnage qui change le plus est sans doute Rafiki. Comment l’avez-vous abordé ?
Dans le dessin-animé, c’est un singe mâle, ce qui fait que la personne qui chante « Circle of Life » est une sorte de voix off indépendante. Pour la comédie musicale, ils se sont basés sur la voix de cette chanson pour faire de Rafiki un personnage féminin. Quitte à faire quelque chose de différent, je me suis dit que notre Rafiki pourrait être un chanteur. Au final, cela donne une autre dimension au personnage. Il devient une sorte de chamane, qui conduit le spectacle et assure les transitions entre les numéros.
Timon et Pumbaa sont aussi difficiles à représenter sur le plan scénique. Comment les avez-vous envisagés ?
Pour rentrer dans le concept du spectacle, il fallait également les humaniser. Je me suis donc replongé dans le dessin-animé et en voyant ce freluquet de suricate et ce phacochère bedonnant, j’ai tout de suite pensé à Laurel et Hardy. C’est ainsi que le costume du personnage qui joue Timon est une sorte de queue de pie mais qui se termine en forme de queue de suricate. Il a également de grandes chaussures de clown qui rappellent les pattes des suricates. Et pour ce qui est du casting, nous nous sommes tournés vers des comédiens aux allures totalement opposées.
C’est aussi cette originalité qui fait la richesse des spectacles de Disneyland Paris. On se souvient encore de La Forêt de l’Enchantement : Une aventure musicale Disney, que vous avez aussi mis en scène, avec son concept totalement inédit.
C’est à chaque fois un véritable défi ! Mais je crois que c’est aussi notre rôle de proposer au public des concepts originaux et de l’ouvrir à d’autres formes de spectacle. En se basant toujours sur des histoires Disney.
Au final, l’émotion est toujours là et bien là !
La musique est primordiale dans ce spectacle. Il y a bien sûr la richesse du matériel original, mais également la force de cette nouvelle version. Il y a aussi ce décor saisissant. Et puis, tout le côté « live » du spectacle : les chants, les chorégraphies, les acrobaties aériennes. Tout ce côté humain qui touche en plein cœur. C’est mon rôle de mettre tous ces artistes en harmonie pour créer des émotions. D’autant plus que nous inaugurons un nouveau théâtre, et pour le faire, je ne pouvais rêver de meilleure histoire que Le Roi Lion, avec sa puissance et sa spiritualité. Nous sommes les premiers à habiter ce lieu. C’est à nous de le faire résonner de nos voix et de lui donner son âme !