Rencontre avec Matteo Borghi – Metteur en Scène du spectacle Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles

Dans la continuité des dernières productions exceptionnelles de Disneyland Paris, le parc a inauguré sa toute nouvelle création originale réinterprétant de façon contemporaine l’univers intemporel du film des Walt Disney Animation Studios, Alice au Pays des Merveilles. Un spectacle musical unique, intitulé “Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles”, présenté dans le théâtre nouvellement dévoilé du Parc Walt Disney Studios : « Theater of the Stars » présenté par EDF. Ce spectacle, lancé le 25 mai dernier et actuellement programmé jusqu’au 29 septembre 2024, promet une expérience palpitante pour les visiteurs de tout âge.

Matteo, comment t’est venu le concept de ce tout nouveau spectacle ?

Je voulais proposer à nos visiteurs une expérience totalement différente de ce que nous connaissons déjà au Parc Walt Disney Studios. D’un côté, Mickey et le Magicien est un spectacle d’illusions musical et de l’autre, TOGETHER : une Aventure Musicale Pixar utilise la technologie pour plonger les spectateurs dans les histoires des Studios d’Animation Pixar. J’avais envie d’imaginer quelque chose de complètement différent, qui surprenne nos visiteurs. Et dans le même temps, je voulais rendre hommage à un Classique de l’animation Disney. Alice au Pays des Merveilles m’est rapidement apparu comme un choix évident car c’est l’une des histoires Disney les plus universellement connues. Tout le monde connaît Alice, la Reine de Cœur ou encore Le Chapelier Fou, et leurs aventures sont magnifiquement célébrées au Parc Disneyland à travers les attractions Alice’s Curious Labyrinth et Mad Hatter’s Tea Cups. Je savais que je pouvais m’appuyer sur ces références pour mieux m’amuser avec ces personnages iconiques.

Est-il vrai que ce monde se prête à toutes sortes d’extravagances ?

En effet. Tout est possible au Pays des Merveilles ! J’ai conçu ce spectacle dans un cadre unique : cette scène extraordinaire de 68 mètres de long et 26 mètres de profondeur qui accueillait jusqu’en 2020 le spectacle Moteur… Action ! Stunt Show Spectacular, et que nous avons transformée pour l’occasion. C’est un magnifique terrain de jeu pour lequel j’ai imaginé quelque chose de grand, de coloré et de foisonnant ; une expérience à la fois inédite et étonnante.

Comment as-tu réinterprété le film original de 1951 ?

Pour ce qui est du style graphique et de la scène elle-même, j’ai beaucoup réfléchi avec notre scénographe Olivier Dusautoir. Nous nous sommes posés et avons échangé des idées sur la manière dont nous pouvions représenter le Pays des Merveilles. Il était important pour nous de garder les éléments clefs du film d’animation Disney de 1951 comme le labyrinthe, les petits animaux de la Forêt de Tulgey et d’autres références iconiques du dessin animé, tout en leur apportant une touche de modernité. En pénétrant dans l’univers de ce spectacle, c’est comme si on se réveillait au Pays des Merveilles, mais en 2024.

L’écrin idéal pour raconter une nouvelle histoire…

Exactement. J’ai travaillé en parallèle avec l’auteur Ludovic-Alexandre Vidal (qui a également participé à la création du spectacle La Fabrique des Rêves de Disney Junior) sur l’histoire que nous voulions raconter. Nous sommes partis d’un moment iconique du film, la partie de thé du Chapelier Fou, et nous nous sommes demandé comment lui faire suite. En regardant le Classique de 1951, nous nous sommes rendu compte que l’histoire ne se terminait pas vraiment. Il y a la partie de croquet, suivie du procès d’Alice, qui s’interrompt brusquement quand cette dernière se réveille. Nous avons donc imaginé une nouvelle partie de thé pour laquelle le Chapelier Fou convie tous nos visiteurs, ainsi que deux invités d’exception : Alice ainsi que la Reine de Cœur, qui se retrouvent à nouveau face à face. La Reine de Cœur n’est pas contente car elle considère que c’est elle, et elle seule, qui devrait être l’invitée de marque. S’en suit un nouveau face-à-face entre Alice et la Reine de Coeur, qui va être l’occasion de conclure la partie de croquet et de décider finalement laquelle des deux sera célébrée. Tout cela sous l’œil du Chapelier Fou, qui gère les choses, disons… à sa manière !

L’espace scénique de ce spectacle est immense et pour autant, tout est fait pour qu’il y ait une véritable proximité avec le public.

Nous voulions vraiment que le public se sente en immergé et impliqué dans notre histoire. Quand on découvre ce décor unique, on est immédiatement plongé dans le Pays des Merveilles. Pour ce faire, nous avons rapproché la scène des gradins par rapport à la configuration d’origine. De plus, nous voulions que nos visiteurs se sentent connectés à l’un ou l’autre personnage, et qu’à un moment donné, ils puissent influencer la fin du spectacle en décidant du dénouement de l’histoire. Car c’est bien cela le Pays des Merveilles : on ne sait jamais à quoi s’attendre !


C’est aussi ce qui fait d’Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles un spectacle très moderne, avec un message résolument actuel.

Dans notre histoire, il n’y a pas de gentille ou de méchante. Les deux protagonistes sont intéressantes et véhiculent des idées non pas opposées, mais complémentaires. Alice incarne l’idée qu’il faut croire en ses rêves, croire en son imagination. C’est grâce à cela que chacun d’entre nous peut créer son propre univers et changer le monde. Évidemment, la Reine de Cœur est beaucoup plus autocentrée. Elle va défendre sa propre vision, à savoir qu’il faut croire en soi pour réussir tout ce qu’on entreprend. Les deux messages sont importants, et cette dualité s’exprime notamment à travers la musique et les disciplines artistiques en présence.

En effet, la musique joue un rôle clef dans ce spectacle.

Je dirai même que c’est le centre de tout. Il était vraiment important pour moi de proposer des musiques qui puissent faire résonner ce vaste espace. Des musiques inédites, très actuelles, mais qui rendent en même temps hommage au film d’animation Disney en intégrant des clins d’œil aux mélodies de 1951.

Pour Alice, nous sommes partis sur un style pop, très joyeux, très festif, qui est également associé au Chapelier Fou.  De son côté, La Reine de Cœur est associée à un univers rock classique, avec percussions et guitare électrique. Nous avons fait différents essais au niveau des styles et nous avons trouvé que cette dualité fonctionnait parfaitement pour notre spectacle.

La grande force de cette musique tient aussi au fait qu’elle est interprétée pour une grande part en live.

Tout à fait. Pour chaque spectacle, nous avons six chanteurs sur scène. Il y a Alice, bien sûr, La Reine de Cœur et le Chapelier Fou ainsi que la Chenille, le Lièvre de Mars et le Lapin Blanc, qui chantent et aident à raconter l’histoire. De plus, nous avons quatre musiciens : deux percussionnistes, qui jouent des instruments conçus spécialement pour notre spectacle, ainsi qu’un guitariste et un joueur de keytar, un clavier-guitare.


C’est aussi un spectacle qui intègre de très nombreuses acrobaties, dont certaines jamais vues à Disneyland Paris.

Comme je le disais, tout est parti de la musique. Une fois que nous avions déterminé l’univers musical d’Alice et celui de la Reine de Cœur, je me suis demandé quelles disciplines artistiques pouvaient aller de pair avec ces styles. En même temps, je devais prendre en compte la taille de la scène, tant sur le plan horizontal que vertical, afin d’en utiliser toutes les potentialités. J’ai donc fait appel à deux disciplines différentes qui ont cette capacité unique de résonner avec la musique : le trampoline et le bmx. Nous avions déjà utilisé le trampoline dans certains de nos spectacles à Disneyland Paris, mais jamais sous sa forme de « trampo-mur ». Cela permet de mettre en valeur la hauteur de nos décors et, dans le même temps, de faire écho à l’énergie et à la sensation de rebond de la musique. Quant au bmx, on l’envisage souvent comme un sport, ce qui est vrai, mais on oublie trop souvent que cette discipline peut être une forme d’expression artistique quand on l’associe à la musique. Dans les deux cas, on peut créer des images saisissantes et une véritable chorégraphie. 

Il y a un personnage important que nous n’avons pas encore évoqué : le Chat du Cheshire.

Il sera bien là ! Il intervient dans le spectacle… exactement comme un chat, c’est-à-dire quand il en a envie, et comme il en a envie ! C’est un personnage vraiment unique, plein de surprises.

On sent chez toi une grande affinité avec le monde d’Alice au Pays des Merveilles.

C’est un monde que je connais depuis longtemps, et dans lequel j’ai eu grand plaisir à me replonger pour ce spectacle. Cela faisait un certain temps que je n’avais pas revu le film et j’y ai découvert toutes sortes de facettes que je n’avais pas perçues enfant. Cela m’a littéralement passionné et je me suis beaucoup documenté. J’ai lu le roman de Lewis Carroll ainsi que des ouvrages sur la création du film de 1951. En découvrant comment les artistes de Disney Animation avaient travaillé, je me suis rendu compte qu’ils avaient fait la même chose que moi : apporter leur propre vision à un classique intemporel. De fait, ce spectacle est aussi une forme d’hommage à leur travail et à la créativité unique dont ils ont fait preuve. 

Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles s’annonce comme une proposition très originale au sein du parc Walt Disney Studios !

Disneyland Paris est un endroit incroyable, un authentique lieu de création où tout est possible : plonger nos visiteurs au cœur d’un dessin animé ou à l’inverse réinventer les Classiques de manière totalement inattendue.

À mon sens, le Parc Walt Disney Studios est le lieu idéal pour créer des expériences à la fois immersives et différentes comme Alice et La Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles. On peut le faire de multiples manières, dans un espace de type « blackbox » ou bien en plein air, mais le but est toujours le même : transporter nos visiteurs au cœur de nos histoires tout en les surprenant et en les émerveillant.

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