Rencontre avec Guillaume Coignard – Producteur Musical du spectacle Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles

Cette semaine, nous vous proposons d’en savoir plus sur le métier de Guillaume Coignard, Producteur Musical du nouveau spectacle musical Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles, présenté dans le théâtre « Theater of the Stars » présenté par EDF au Parc Walt Disney Studios.

Comment s’est construite l’identité musicale du spectacle ?

C’est un des moments les plus amusants et les plus excitants de la production car tout est à imaginer. Nous sommes partis de discussions avec Matteo Borghi, le metteur en scène, il y a à peu près un an et demi. Il m’a fait part de ses envies et nous avons travaillé autour d’exemples et de styles musicaux. Nous voulions proposer quelque chose de différent, qui sorte des habitudes, d’autant que le lieu, avec ce décor étonnant, se prête à un traitement très moderne de l’histoire d’Alice au Pays des Merveilles.

Puis les choses se sont précisées avec notre compositeur/arrangeur Chris Sernel, qui est un artiste extraordinairement doué. Quand on travaille avec des artistes aussi talentueux, il faut toujours laisser une porte ouverte et saisir les bonnes idées quand elles s’offrent à vous.

Tu nous mets l’eau à la bouche ! Peux-tu nous en dire plus sur ces chansons ?

Trois univers musicaux vont tantôt se confronter, tantôt se mélanger. Il y a d’abord celui du Chapelier Fou, qui ouvre le spectacle sur un mode pop très dansant. Puis les autres personnages vont arriver, dont Alice, avec un style musical qui est très inspiré de la pop actuelle. Elle partage avec nous son univers, son plaisir et sa joie de revenir au Pays des Merveilles après toutes ces années, maintenant qu’elle a grandi. C’est alors que la Reine de Cœur va débarquer sans crier gare, très contrariée de ne pas avoir été invitée. Elle amène une énergie beaucoup plus rock, beaucoup plus électrique. Cette opposition servira de base au battle qui suivra et nous verrons à la fin du spectacle qui l’emportera.

En tout, cela représente combien de chansons ?

Nous avons 5 chansons qui vont ensuite être déclinées, ce qui nous fait un total de 8. Depuis que je travaille à Disneyland Paris, c’est la première fois que nous proposons autant de chansons originales, et nous sommes ravis d’avoir un tel niveau de création.

Et qu’en est-il de la musique instrumentale ?

Entre chaque chanson, l’histoire progresse un peu à la manière d’une comédie musicale, sur un tapis de musique. C’est Tyler Koontz, qui a déjà travaillé avec nous sur d’autres projets, et qui est un arrangeur que j’affectionne tout particulièrement, qui a écrit les « underscores » du spectacle. Ils vont apporter cette touche « Disney », plus dans l’esprit d’un dessin animé, à notre histoire.

Ce qui frappe dans toutes ces musiques, c’est leur couleur très urbaine.

Pour l’occasion, nous avons fait fabriquer des instruments uniques à partir de bidons qui vont nous permettre de générer toutes sortes de sonorités. Nous aurons quelque chose de très métallique, bien sûr, mais nous avons fait ajouter des peaux pour avoir un élément percussif plus proche du tom ou de la grosse caisse. Il y aura enfin toutes sortes d’accessoires qui vont être rajoutés, très drôles, qui évoquent plus directement le monde d’Alice au Pays des Merveilles.

Nous avons également des sonorités urbaines dans notre bande-son. Nous avons enregistré, samplé, toutes sortes d’effets réalisés sur des cuves à fuel, grâce à ce fantastique concepteur de percussions qu’est Siegfried Courteau, qui a travaillé avec nous sur ce développement.

Pour l’enregistrement de la bande-son du spectacle, tu es retourné à Nashville, où tu étais déjà allé pour d’autres projets.

Quand on arrive à l’aéroport de Nashville, on voit « city of music », la ville de la musique, écrit en grand, avec des guitares exposées. On ne peut pas se tromper ! On y trouve énormément de studios. Pour ce projet, nous cherchions un son pop-rock très particulier. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes orientés vers les studios Ocean Way. C’est un lieu très spécial, une ancienne église réaménagée, avec une acoustique extraordinaire. Nous avons enregistré pendant une semaine, puis mixé durant la semaine suivante.

Qu’en est-il de l’orchestre ?

Pour « l’underscore » d’Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles, nous avons travaillé l’orchestration en nous concentrant sur la narration. Il y a donc une section de cordes et… deux sections de cuivres ! L’une orchestrale et l’autre pop, qui vont alterner suivant les morceaux. D’un côté, on aura des choses très dansantes, très piquées, avec beaucoup de dynamique, et de l’autre quelque chose de plus lyrique et spectaculaire. Tout le travail d’arrangement et d’orchestration a permis de faire évoluer les chansons pour les intégrer complètement dans le tissu musical du spectacle.

On y retrouve également des allusions aux thèmes du film de 1951.

Cela faisait partie de nos préoccupations : comment faire quelque chose de nouveau, une création originale, tout en restant connectés avec les personnages et les thèmes d’origine ? Car ces thèmes sont bien là. Certains seront évidents et d’autres un peu cachés.

Tout comme dans le Roi Lion et les Rythmes de la Terre ou encore TOGETHER* : une Aventure Musicale Pixar, le spectacle associe des musiciens live sur scène.

Merci de souligner cet aspect parce que c’est extrêmement important pour nous. Cela fait partie de notre ADN de création depuis déjà quelques années. Je suis arrivé fin 2015, et c’est à cette époque que les chanteurs live ont été progressivement réintégrés dans nos spectacles. Cela a tellement bien fonctionné, tant auprès de nos visiteurs que des artistes eux-mêmes, que nos responsables ont souhaité continuer et même intensifier cette approche hybride. De mon côté, j’y suis très attaché. Nous avons fait appel à des bandes enregistrées, dont nous extrayons les parties que nous allons donner à nos artistes et chanteurs live. Sur Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles, nous avons quatre musiciens sur scène : un guitariste, un joueur de keytar, un clavier qui se porte comme une guitare et permet une mobilité très intéressante, ainsi que deux percussionnistes. Cette présence live ajoute beaucoup au spectacle, à la musique, mais également à la narration car les musiciens sont de véritables personnages dans notre histoire.

Comment as-tu envisagé le mixage de la musique pour cette immense scène extérieure ?

C’est un élément essentiel de l’expérience. Tout mixage est un défi, mais plus encore celui-ci, compte-tenu des spécificités de cette scène. Il faut gérer les contraintes matérielles – le nombre d’enceintes, leur disposition, la distance avec le public et les artistes…  et partant de là, il faut faire des choix pour créer une véritable mise en scène sonore en répartissant les différents éléments musicaux au premier plan, à l’arrière-plan, sur les côtés, au centre, en haut et en bas. Il y a donc cet espace à habiter musicalement, mais il faut également prendre en compte le fait que chaque instrument est aussi un personnage. Il faut concevoir quelque chose qui doit être lisible, qui doit bouger. Quand on mixe un album, on sait qu’on va pouvoir l’écouter chez soi sans lien avec une image. Quand on mixe pour un spectacle, on sait que l’expérience sonore doit être complémentaire de la mise en scène.

*Ensemble

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