Entretien avec Prisca Demarez
Avec les week-ends musicaux du Billy Bob’s Country Western Saloon, chaque concert nous réserve son lot de surprises, et pas des moindres. Prochaine en date le samedi 2 novembre : Prisca Demarez accompagnée de son groupe de musiciens. Que ce soit sur scène (Cats, Coquelicot), ou en doublage (elle fut la voix chantée de la Reine Iduna dans la Reine des Neiges 2), ses prestations ne laissent jamais indifférent. Avant que le Festival Halloween Disney touche à sa fin, elle nous propose avec ses musiciens un programme à son image, plein de couleurs et de surprises, de quoi nous donner des frissons… de plaisir !
Comment avez-vous découvert la comédie musicale ?
Le chant fait tellement partie intégrante de ma vie que je me dis que mon premier cri de bébé devait être une note de musique ! À 6 ans, j’ai ressenti le choc de ma vie en découvrant le film West Side Story. Mes parents me l’avaient enregistré et tous les matins, comme j’étais réveillée avant tout le monde, j’allais dans la salle de télé sans faire de bruit pour pouvoir le regarder. Le chant, la danse, l’amour : tout était là. Je découvrais la comédie musicale. J’étais émerveillée et je savais que j’allais lui consacrer ma vie.
L’autre étape, ce fut une visite de Londres avec ma correspondante anglaise. C’était mon anniversaire, j’avais 13 ans et pour l’occasion, ils m’invitaient à assister à une représentation des Misérables. J’ai pleuré de bonheur de la première à la dernière note. Et quand je suis sortie, j’ai tout rechanté à tue-tête. Après, il y a eu ce professeur d’anglais qui nous faisait apprendre la langue à travers Oliver !, parce que lui aussi était fan de comédie musicale. Toute la classe ne partageait pas cette passion mais moi, j’étais bouleversée.
Et comme ma famille considérait la musique plus comme un hobby que comme un métier, j’ai fait un détour professionnel comme psychomotricienne. J’ai travaillé dans des hôpitaux, avec des familles en difficulté. Au final, ce fut une magnifique expérience, et je pense que c’est ce qui me donne aujourd’hui ce lien particulier, à la fois intime et humain, avec les personnages que j’incarne.
Comment s’est passé votre apprentissage musical ?
J’ai commencé en chantant dans les bars et les hôtels de l’île de la Réunion. Ce fut une école extraordinaire. Ensuite, je suis venue à Paris où j’ai suivi les cours de théâtre de Raymond Acquaviva. J’ai eu également de nombreux professeurs de chant, à commencer par la mythique Raymonde Viret, qui m’a fait découvrir mon meilleur copain en chant : le diaphragme, ce muscle extraordinaire qui permet de soutenir toutes les notes. J’ai aussi beaucoup travaillé avec Jasmine Roy et d’autres.
Et puis, il y a eu la comédie musicale Avenue Q, qui fait appel à des marionnettes. Cette expérience a été très riche d’enseignements. C’était comme si la marionnette me disait : « le personnage, c’est moi. Pas toi ! » C’est là que j’ai appris à donner toute mon énergie à un personnage.
Comment êtes-vous passée au doublage ?
Justement, par Avenue Q. Beaucoup de gens me demandent comment on devient voix de doublage. Je leur réponds qu’on ne le devient pas. On ne peut pas doubler un comédien ou un chanteur si on n’est pas soi-même acteur ou chanteur. J’ai donc été repérée sur scène par Claude Lombard, qui a interprété tant de génériques de séries animées et dirigé les parties chantées de Classiques Disney comme La Belle et la Bête ou encore Cendrillon. La rencontre avec Claude a bouleversé ma vie. Elle a vraiment été ma « Fée Marraine ». Elle a découvert en moi une « voix élastique » et c’est ainsi que je suis devenue une sorte de « SOS chanteuse ». Dès lors, on est venu me chercher en me disant : « j’ai une comédienne de doublage qui ne peut pas chanter cette chanson. Elle a une voix très spéciale. Est-ce que tu pourrais le faire avec le même timbre ? ». C’est ainsi que j’ai chanté la chanson de Noa, l’amie de Clochette dans la série Trop Fée, avec cette voix très aigue. Et à l’opposé, il y a eu Frida la Furie dans Raiponce – La Série, avec sa voix très grave. C’est Claude qui a vu tout cela en moi !
Le doublage vous a permis de chanter les mélodies des plus grands compositeurs Disney, d’Alan Menken au couple Robert Lopez & Kristen Anderson-Lopez, qui a signé les chansons de La Reine des Neiges.
C’est une joie énorme. Et en même temps un défi énorme ! Des chansons comme celles de Cassandra dans Raiponce – La Série demandent une technique incroyable et ont été créées à l’origine pour des interprètes exceptionnelles. Quand on les double, il faut vraiment tout donner être à la hauteur.
Quel est votre plus beau souvenir de doublage ?
Ma plus grande émotion, c’est avec Claude Lombard, en découvrant la Reine Iduna dans La Reine des Neiges 2. Je suis immédiatement tombée amoureuse de ce personnage, de cette maman, de cette chanson. J’ai découvert le film au studio Dubbing Brothers où s’est déroulé le doublage. J’étais avec Claude, Charlotte Hervieux et Emmylou Homs, les voix françaises d’Elsa et Anna, et nous avons pleuré durant tout le film !
J’adore aussi travailler avec Magali Bonfils qui a notamment doublé Ursula dans la dernière version cinéma de La Petite Sirène. Elle est aussi directrice de plateau de doublage chanté, et à chaque fois, elle m’engage pour jouer des méchantes un peu folles, comme Malvina Monroe dans Il Était Une Fois 2 ! C’est une merveilleuse directrice d’acteur. Avec elle, je n’ai qu’à me laisser porter.
Comment est née l’idée de chanter au Billy Bob’s Country Western Saloon ?
À l’origine, Disneyland Paris m’avait contactée pour interpréter un répertoire jazzy, très glamour. Je me suis donc produite au Steakhouse du Disney Village. Je suis venue avec Shay Alon, mon complice pianiste, qui est également compositeur de la comédie musicale Oliver Twist. C’était une première pour nous. On ne savait pas trop ce que cela allait donner, et au final, on a mis le feu ! Ce fut un moment merveilleux qui a marqué les esprits, et c’est ainsi que Disneyland Paris est revenu vers moi pour me proposer de me produire cette fois sur la scène du Billy Bob’s Country Western Saloon, le 2 novembre prochain.
Quel programme avez-vous imaginé pour cette soirée ?
Le thème sera « Halloween dans les comédies musicales » au sens large. Ce sera un programme très spécial, assez unique, qui réunira les plus grandes chansons des Villains Disney et les chansons iconiques des films de grands frissons. J’ai fait beaucoup de recherches pour trouver les titres les plus évocateurs. Ce fut très amusant, et je compte bien m’amuser aussi en les partageant avec le public !
Un thème comme celui-ci permet de couvrir toutes sorte de couleurs et de styles.
Tout à fait. Ce sont des titres qui oscillent entre la variété et la comédie musicale, et que tout le monde connaît. Je pense notamment à « Turn Around », également chanté à l’origine par Bonnie Tyler et qui a été ensuite repris dans la comédie musicale Le Bal des Vampires. Ce qui est important pour moi, c’est de raconter une histoire à travers chaque chanson, et d’utiliser pour ce faire tous les registres de ma voix. Je pense tout particulièrement à « Pauvres âmes en perdition », la chanson d’Ursula, qui va me permettre d’explorer davantage ce registre grave qui va comme un gant au personnage. Je vais également chanter un duo extrait de la comédie musicale Jekyll & Hyde. Je le chanterai avec Steve Setiano. De son côté, il va se faire plaisir en reprenant « Soyez prêtes » chanté à l’origine par Scar dans Le Roi Lion ou encore « Chow Down », en ma compagnie, de la comédie musicale du Roi Lion. Comme vous le voyez, ce sera extrêmement varié.
Qui seront vos autres complices musicaux ?
En plus de Steve, je serai accompagnée de 4 musiciens qui viennent des plus grosses comédies musicales de Paris, notamment Le Roi Lion. Il y aura bien sûr mon pianiste de toujours Shay Alon, ainsi que Fred Liebert à la contrebasse et Samuel Domergue à la batterie, qui étaient dans Oliver Twist et qui sont aujourd’hui tous deux dans Le Roi Lion, sans oublier Adam Antoniak à la guitare.
Que représente pour vous le faire de vous produire sur la scène du Billy Bob’s Country Western Saloon ?
Déjà, je trouve que c’est un lieu qui bénéficie d’une fabuleuse programmation et je suis vraiment ravie d’en faire partie. De plus, c’est un petit bijou. Le son à Disneyland Paris, c’est toujours une merveille, et cette scène dispose de moyens techniques et humains magnifiques. J’ai hâte de la partager avec mes amis musiciens !
Qu’attendez-vous de cette rencontre avec le public du Disney Village ?
Rencontrer un nouveau public, c’est comme une rencontre amoureuse. On ne sait jamais si ça va fonctionner tant qu’il n’y a pas eu de premier baiser… C’est exactement ce que je ressens en ce moment. J’ai déjà des papillons dans le ventre tellement j’ai hâte d’y être ! Je ne veux pas d’un concert où les gens ne font qu’assister au spectacle. J’attends une vraie rencontre, un vrai échange. J’ai même préparé des petits quizz. J’ai envie qu’il y ait de l’interaction, qu’ils parlent avec moi, qu’ils chantent avec moi.
On vous sent très attachée au monde de Disney en général, et à Disneyland Paris en particulier !
Pour moi, Disney, c’est l’enfance. Au fond de moi, il y a une petite fille qui n’a jamais grandi. Faire du spectacle, c’est justement garder cette âme d’enfant qui va jouer et s’amuser tout le temps. Chaque fois que je viens à Disneyland Paris, tout chante, tout danse en moi. Je ne peux pas faire autrement. Alors, vous comprenez que, pour moi, monter sur la scène du Billy Bob’s Country Western Saloon, c’est juste un pur bonheur !