Interview avec Dan, Louisa et Mabrouk.
Un lieu immersif et interactif
Avengers Campus est un lieu à la fois immersif et interactif. Comment avez-vous envisagé cette interactivité avec les visiteurs ?
Dan : Quand vous allez voir un film Marvel, vous êtes certain de vivre une merveilleuse expérience cinématographique, mais vous n’en faites pas partie. Alors qu’à Avengers Campus, vous êtes le centre de votre propre histoire. Tout notre travail repose alors sur les moyens de faire vivre totalement cette histoire à nos visiteurs. Il ne s’agit pas juste de les appeler « recrues » ; notre propos est de les traiter concrètement en tant que telles, en leur offrant la possibilité incroyable de côtoyer des Super Héros, et de s’entraîner avec eux, tout cela dans un environnement qui les inspire et les pousse à donner le meilleur d’eux-mêmes. C’est la base-même de nos interactions. Par exemple, Les Gardiens de la Galaxie : Dance Challenge ! n’est pas qu’une occasion de danser avec Star Lord et Gamora. Il y a toute une histoire, une raison d’être à cette chorégraphie motivée par leur désir de vous recruter et de vous intégrer éventuellement à leur équipe galactique. La particularité de cette démarche vient du fait que Star Lord adore danser et que, par ce biais, il veut être sûr que vous serez de bonne compagnie pour lui dans l’espace. Cette danse est non seulement un bon moment passé avec les Gardiens de la Galaxie, mais elle a du sens par rapport à leur histoire.
C’est la même chose avec Okoye. C’est un véritable apprentissage, tant sur le plan physique que philosophique.
À Avengers Campus, il n’y a pas de spectacle. Notre rôle est de créer des situations dans lesquelles les visiteurs feront eux-mêmes partie de l’histoire.
À ce titre, le Hero Training Center est un lieu particulièrement riche en interactivité. Vous avez la possibilité d’y rencontrer Spider-Man, mais également Captain Marvel et Iron Man dans un environnement spécifiquement imaginé par Tony Stark pour la formation des recrues. Rien à voir avec le simple fait de prendre une photo ou de serrer la main d’un Personnage. Vous êtes là pour apprendre de véritables gestes d’action qui vous permettront d’évoluer et de progresser pour combattre et protéger les autres, et ce moment d’action est fixé dans le temps grâce à 27 photos prises simultanément et assemblées de manière spectaculaire. Vous créez et vivez une histoire unique avec ces héros, dans un esprit de collaboration, de partage ou de camaraderie. Et à chaque fois que vous reviendrez, vous apprendrez quelque chose de différent, vous vivrez quelque chose de différent. Même si vous retrouvez le même Super Héros, ce sera une étape différente de votre formation. C’est une approche totalement immersive de ce type d’expérience.
Comment avez-vous collaboré avec les concepteurs d’Avengers Campus pour concevoir des lieux propres à accueillir tout aussi bien les aventures des Super-Héros Marvel que le public ?
Dan : Avengers Campus est le fruit d’une collaboration étroite avec les designers et architectes du projet à Walt Disney Imagineering. Nous sommes des Imagineers du spectacle, et nous avons travaillé pendant plus de quatre ans avec nos collègues concepteurs d’attractions et d’environnements thémés pour intégrer tous les éléments propres à accueillir les Super-Héros et le public. J’ai aussi travaillé en parallèle avec les équipes Spectacles de Disneyland Paris sur ce projet. Tout cela a été très organique et chaque détail a été envisagé en partenariat avec l’ensemble des différentes structures impliquées.
Cette philosophie est dans les gènes d’Avengers Campus. Comme son nom l’indique, c’est l’une des bases des Avengers et en même temps, c’est un Campus. Par conséquent, la porte est grande ouverte pour accueillir le public, adultes comme enfants. En 2012 dans le temps du MCU, vous n’auriez jamais passé la sécurité de la Tour Stark. Mais ici, nous sommes dans un temps différent, dans lequel nous sommes tous responsables les uns pour les autres. C’est pourquoi nous vous accueillons avec plaisir car ici, nous avons tous un rôle à jouer. C’est par là que nous avons démarré pour concevoir Avengers Campus. En venant ici, on s’attend tout naturellement à tomber sur des Super-Héros car c’est pour eux un lieu de travail, d’entraînement, et même un lieu de combat contre leurs ennemis. À partir de là, nous avons commencé à envisager des expériences et des événements avec eux, d’une manière qui soit organique, parfaitement intégrée à l’histoire du Campus, où tout le monde, visiteur comme Super Héros, est connecté.
Par exemple, le Hero Training Center est un lieu intérieur, très high tech, conçu au départ pour l’entraînement des Avengers. Mais dans la mesure où il accueille en même temps les recrues de Disneyland Paris, cela devient comme un forum, un lieu très vivant et dynamique. Quant aux autres bâtiments comme celui de Spider-Man W.E.B. Adventure, il s’agit d’anciennes usines reconverties en Campus. Par conséquent, leurs toits sont souvent utilisés comme un lieu de transit et de transport d’objets de valeur, technologiques ou artefacts. Cela semblait un lieu naturel pour l’action. Partant de là, nous avons pu construire ce dont nous avions besoin pour mener à bien ces activations, toujours dans l’histoire du campus, comme autant scènes cachées, totalement intégrées dans l’architecture.
Une gestion opérationnelle unique
Avengers Campus est un lieu vivant, en perpétuel mouvement. Partant de là, comment avez-vous envisagé les déplacements des visiteurs ?
Dan : Pour anticiper ces mouvements, nous savons pouvoir compter sur nos partenaires opérationnels qui s’intéressent de près à la manière dont les déplacements des visiteurs affectent l’expérience. Le plan du Campus permet justement de rester à un endroit, de regarder les toits ou d’aller à un restaurant d’une manière totalement intégrée dans l’histoire. Tout cela est très nouveau, il n’y a pas de précédent. Nous expérimentons et nous adaptons sans cesse, que ce soit en Californie ou à Paris. Lors de La Saison des Super-Héros, on pouvait avoir jusqu’à 500 personnes sur la Place des Stars pour danser avec Star Lord et Gamora. Mais à Avengers Campus, il y a tant de Super Héros en action, sur les toits, autour du Quinjet ou dans les attractions, que le Campus est en perpétuel mouvement. Ce sera un lieu grouillant d’activité, et les visiteurs passeront de l’une à l’autre de manière fluide et naturelle.
Comment avez-vous géré la fréquence des activations ?
Dan : C’est un défi sur lequel nous avons travaillé intensément. Le rythme n’est pas le même que l’on soit le matin, le soir ou le milieu de journée au moment du repas de midi. La durée du jour, en fonction des saisons, aura également un impact particulier sur le rythme des activités du Campus. En Californie, nous continuons à nous améliorer dans ce domaine, et ici à Paris, nous nous tenons en permanence à l’écoute des besoins spécifiques de nos visiteurs.
C’est un immense travail de préparation que vous avez fait.
Dan : Cela a demandé des années de planification. La version de Californie nous a beaucoup aidés à visualiser les choses, mais elle a dû être totalement repensée et adaptée pour Disneyland Paris. Les équipes locales ont été impliquées depuis longtemps pour être prêts le jour J. C’est une équipe impressionnante de metteurs en scène, designers audio, lumière, effets spéciaux, de musiciens, designers media, d’ingénieurs, sans compter toute la production.
Prenez Louisa et Mabrouk, nos deux Metteurs en Scène. Ils ont travaillé sur la Saison des Super-Héros en 2017. Cela faisait donc plus de cinq ans que nous discutions ensemble de ces questions à Disneyland Paris. Ce sont de véritables experts de Marvel pour nos parcs, ce qui en a fait des atouts extraordinaires pour Avengers Campus.
Depuis des mois, chaque semaine, nous avons eu énormément de conversations pour coordonner tous les éléments que nous avons intégré dans ce land. Je connais bien Broadway pour avoir travaillé sur le musical du Roi Lion et on retrouve ici la même réunion d’expertises très spécifiques. La grande différence, c’est que les codes du spectacle sont ici totalement bouleversés car les choses surgissent de toutes parts, de manière inattendue.
D’où viennent tous les talents impliqués dans ce projet ?
Dan : L’impulsion initiale vient Walt Disney Imagineering aux États-Unis, mais très vite, nous avons impliqué nos partenaires de Disneyland Paris dans les domaines que j’ai évoqués. Nous avons également des partenaires qui ont conçu et construit des éléments pour nous en Californie, Floride, Royaume Uni, Espagne et bien sûr en France. C’est vraiment un effort international.
Un défi hors norme pour les équipes Spectacle
Cette toute nouvelle manière d’aborder les spectacles a été aussi un tout nouveau défi pour les Metteurs en Scène de Disneyland Paris.
Mabrouk : Il est toujours très stimulant d’être confronté à de nouveaux défis, et dans le cas d’Avengers Campus, c’est vraiment passionnant de créer quelque chose qui implique nos visiteurs d’une manière aussi nouvelle. La particularité d’Avengers Campus, c’est que tout notre travail s’est construit autour de nos nouvelles recrues. Nous n’avons pas créé des spectacles, nous construisons des expériences complètes et immersives. Ce qui est génial, c’est de faire nos sessions avec Louisa et Dan et d’imaginer dans nos esprits tout ce qui peut se passer en même temps autour de nous. C’est une expérience totale, à 360°. Nous voulons faire plaisir à tout le monde, à tous les âges, et faire en sorte que chacun ait son content et se retrouve dans le Campus. Car c’est bien un campus et non pas une zone. C’est une expérience Marvel totale.
À la différence du théâtre, le fameux « quatrième mur » imaginaire, qui sépare les spectateurs du spectacle, a totalement disparu.
Dan : C’est notre but. Nous n’avons pas de scène, pas d’heure de spectacle. Tout arrive comme cela dans la rue, devant vous, derrière vous, et même au-dessus de vous, autour du Quinjet ou sur les toits.
À Disneyland Paris, le spectacle va toujours de pair avec l’émotion. Et Avengers Campus n’y fait pas exception.
Louisa : C’est vrai. Nous n’oublions jamais que ce qui est au cœur de notre parc, et de Marvel, c’est la magie.
Mabrouk : Le cœur de notre travail est là : construire des émotions pour nos visiteurs, de la joie, du fun, de l’étonnement, de l’émerveillement, de quoi vous donner la chair de poule.
Dan : Ce qui résume bien cela, c’est une scène à laquelle j’ai assisté en Californie. Il y avait les Dora Milaje avec leur tenue si caractéristique qui véhicule l’image de femmes afro-américaines puissantes et déterminées, et à un moment, j’ai vu une petite fille dans un costume de Blanche-Neige se précipiter vers elles pour les embrasser. C’est vraiment la preuve de cette magie