LE ROI LION ET LES RYTHMES DE LA TERRE: Interview avec l’arrangeur musical du spectacle Steve Sidwell

Nous poursuivons notre découverte de la toute nouvelle production de Frontierland Theater, Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre, en compagnie cette fois de l’arrangeur et chef d’orchestre Steve Sidwell, qui nous en dit plus sur la musique du spectacle.

Comment avez-vous abordé Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre ?

Pour ce spectacle, nous avons essayé de développer de nouvelles idées, ce qui est toujours difficile quand vous travaillez sur une histoire aussi célèbre. Elle a été traitée avec succès sous des formes très variées, ce qui rend les choses plus compliquées. Mais Disney sait très bien faire collaborer des créatifs pour donner un nouveau souffle à ses histoires. Et, de fait, les concepts et les maquettes de ce spectacle ont énormément inspiré la musique.

Avec une bande originale aussi célèbre, comment avez-vous trouvé l’équilibre entre le respect de cet héritage musical et le fait d’apporter un regard neuf ?

Ce fut un véritable défi. Il est toujours très délicat de changer quelque chose sur une œuvre aussi emblématique. L’équilibre est difficile à trouver. Cela fait 25 ans maintenant que Le Roi Lion est sorti sur les écrans. C’est devenu un classique intemporel, mais en même temps, nous avions envie de l’envisager avec un regard nouveau. Le décor de notre spectacle étant basé sur des instruments de musique, ce fut un élément-clef de notre approche. Nous avons pris quelques risques, mais toujours avec un immense respect de l’œuvre originale. De plus, notre spectacle ne dure qu’une demi-heure et se joue dans un contexte très particulier : nos spectateurs sont en même temps les visiteurs d’un parc à thème avec ses multiples attractions, et ils essaient de faire un maximum de choses durant leur journée dans le Parc. Il fallait donc leur proposer une expérience particulièrement enthousiasmante. Pour ce faire, j’ai fait en sorte de conserver une grande énergie tout le long du spectacle, tout en ménageant des moments plus calmes avec les balades, de sorte qu’enfants et adultes puissent chacun y prendre plaisir.

Comment la musique s’intègre-t-elle dans ce spectacle ?

D’un point de vue général, la musique est un art basé sur la collaboration. Dans une production live, il y a toujours l’aspect visuel, et en plus de la technologie, il y a la danse, la mise en scène, le chant et les costumes, qui créent tous ensemble une atmosphère. Je m’inspire beaucoup de tous ces éléments. Dans Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre, la musique joue un rôle essentiel. Quand vous écrivez pour un spectacle comme celui-ci, vous devez avoir conscience que la musique accompagne une performance : les chanteurs, les acrobates et les danseurs, avec cette chorégraphie aérienne superbe. Tout a permis de créer une musique vraiment unique, dont l’originalité a été saluée par les équipes de Disneyland Paris. C’est le plus beau compliment qu’on pouvait me faire.

A partir de quel matériel avez-vous travaillé ?

Nous avons utilisé des éléments du classique de l’animation ainsi que de la comédie musicale, que ce soit l’éblouissante partition instrumentale de Hans Zimmer, notamment pour la scène du combat final, ou les chansons d’Elton John et de Lebo M. Pour l’attaque des gnous et le combat final, j’ai eu accès aux partitions d’orchestre du film. Cela m’a permis d’étudier très précisément ce qui avait été fait pour le film, et j’ai essayé de recréer la même atmosphère, tout en ajoutant quelques nouveautés. Et pour les chansons, dans la mesure où elles ont dû être coupées afin de rentrer dans notre format, je suis plutôt parti de zéro. Cela m’a permis de développer un concept différent, unique. J’ai essayé de les rendre exaltantes, modernes et originales, tout en préservant leurs influences africaines.

A quel type d’orchestre avez-vous fait appel ?

A un orchestre traditionnel, sauf pour ce qui est des percussions. J’ai eu la chance d’avoir à ma disposition un grand orchestre symphonique, un big band et une énorme section rythmique. Nous avions des djembés, des tamas ou « tambours parlants » originaires d’Afrique de l’Ouest, des kalimbas ou « pianos à pouces » originaires de l’Afrique subsaharienne, une kora, un instrument du Mali, des congas et des bongos. Nous avons utilisé autant d’instruments africains que possible. C’était impressionnant de voir tous ces instruments réunis lors de l’enregistrement aux fameux Angel Recording Studios de Londres. Extraordinaire ! J’ai beaucoup appris à cette occasion. Travaillant entre Paris et Londres, j’ai eu l’occasion de rencontrer bon nombre d’experts car les percussions africaines sont vraiment une affaire de spécialiste. Pour les scènes de combat et des gnous, nous avions aussi un grand chœur typique de Hollywood qui chantait en latin, et un chœur Gospel qui chantait en Swahili. Nous avions même un spécialiste de cette langue avec nous pour nous assurer de la prononciation. Les meilleures conditions étaient réunies.

Comment avez-vous pris en compte la dimension “live” du spectacle?

C’est quelque chose que j’ai fait à de nombreuses reprises. Bien sûr, le spectacle dispose d’une bande-son, mais je ne voulais pas que les spectateurs en aient conscience. Je voulais que tous les éléments musicaux se fondent les uns dans les autres. La musique enregistrée a été conçue de telle sorte qu’elle laisse un espace aux chanteurs live. Nous avons également pris en compte le système audio unique de notre théâtre, qui a grandement influencé la manière dont nous avons enregistré et mixé la musique. De fait, chaque personne du public pourra profiter d’une stéréo parfaite. Où que vous soyez assis, vous serez entouré de toutes parts par la musique.

Dans ce spectacle, ce sont les chansons qui racontent l’histoire, et non pas les dialogues. 

Beaucoup de choses ont dû être retravaillées pour s’adapter au format du spectacle. C’est une des raisons pour lesquelles il n’y a pas de dialogues. C’est à la musique de remplir ce rôle. C’est une façon de faire que je connais bien. D’autant plus agréable que le scénario est écrit avec talent et précision.

A vous entendre, Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre fut une expérience aussi artistique qu’émotionnelle.

C’est ma raison d’être : faire de la musique pour partager des émotions. Et sur Le Roi Lion et les Rythmes de la Terre, ce ne fut pas difficile car c’est un spectacle tellement magnifique, tant du point de vue de l’écriture que de la mise en scène. Les émotions sont venues naturellement. J’ai juste eu à gérer les tensions et les détentes. Les équipes de Disneyland Paris sont tellement talentueuses ; c’est une joie de travailler avec elles. Elles m’ont guidé très facilement dans la bonne direction. Je n’en suis que plus impatient de découvrir les réactions du public !

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La Rédaction

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